Œil pour œil…

Cette après-midi, je suis passé prendre le pouls de mon dentiste.

Assis dans le fauteuil, les bras le long du corps et la tête complétement renversée, je suis à la merci du praticien. Ma bouche est maintenue grande ouverte par ses gestes précis : il est trop tard pour lui signifier que je ne suis plus si sûr de nécessiter un traitement. Il le sait et il en profite le bougre : « je vais vous faire ça aussi.. « , « hmm », « et là… », « hmmm », « et tiens celle là mériterait bien un petit quelque chose aussi… », « hmmmmmm », « je vous emballe le tout ? », hochement de tête résigné…

Mais une fois au coeur de l’action, le courage vient à manquer. Surtout quand l’homme à la blouse blanche néglige l’aspect « confiance envers la profession ». Il me charchute depuis une demi heure et à chaque fois qu’il m’inspecte la bouche, ce n’est que pour soupirer de plus belle : « ça ne va pas ! non, décidément, ça ne va pas. ». L’assistante doit voir en moi son premier patient car elle fait l’absolu contraire de ce qu’elle devrait, d’apès les remontrances appuyées du dentiste. Stoïquement je regarde le plafond en essayant de penser à autre chose. Mais la présence de deux individus à quelques centimètres à peine qui me triturent la bouche dans tous les sens m’empéche de m’échapper convenablement.

Une dent, ce n’est jamais qu’un petit morceau d’ivoire. Comment fait ce monsieur pour y creuser des heures durant ? Il a son diplôme ? On peut le voir ? Il a tout du charlatan avec ses belles manières et son regard fourbe. Je me méfierai avant d’entrer la prochaine fois ! C’est bien moi ça : toujours naïf et débordant de confiance et donc le premier à se faire avoir… La blouse blanche ne fait pas le dentiste, que ça me serve de leçon !

Finalement, on m’annonce que le plus dur est fait alors que je pensais bien en avoir fini! Mentalement je décapite le chirurgien et son assistante avec une roulette géante. Ca ne suffit pas à calmer la douleur mais ça me fait rire et je manque de m’étouffer avec ma propre salive.

Ouf, c’est terminé ! « vous voyez ce n’était pas si terrible… ». Pour lui peut-être mais moi je vais sauter à la gorge du premier confisier qui croisera mes pas. Plus jamais ça…

En fait si, il m’a reprogrammé un rendez-vous pour la semaine prochaine…

Le monde est petit donc les grands esprits se rencontrent…

Ce WE, j’ai arpenté boulevards, avenues, places et esplanades de la capitale. Entre soleil tapant et touristes en pagaille, tout cela présentait un sympathique visage d’été précoce.

Hors sur la seule journée de Samedi, trois fois je me suis retrouvé nez à nez avec des connaissances (scolaires d’un côté et professionnelles de l’autre). Le soir même, alors que je me retrouvais un peu par hasard à fêter les fiançailles de deux parfaits inconnus, je tombe sur deux amis d’Evry et nous passons la soirée à discuter entre nous. Maintenant, chaque fois que je me promène dans Paris, je m’attends à rencontrer quelqu’un.

Pourtant, estimons que je connais quelques centaines de personnes suffisament pour que nous nous arrètions si nous nous croisons (surement moins si on ne compte que ceux succeptbles de se trouver à Paris). En se promènant quelques heures dans la capitale un jour ensoleillé je dois croiser quelques milliers de personnes (une fois encore, moins si on oublie les touristes de passage). Or la région parisienne compte quelques millions de résidents, j’en ai donc croisé en moyenne un parisien sur mille et mes connaissances représentent un parisien sur dix milles. J’ai donc une chance sur dix de croiser une connaissance en quelques heures sur Paris (pas la peine de s’appesantir sur l’exactitude des chiffres, c’est complétement au jugé! seule compte l’idée… 😉 Là j’en crois successivement trois d’un coup, la probabilité d’un tel événement tombe donc à un sur mille. Autant dire que j’ai eu énormément de chance ce Week-End! Tout ça doît encore être du à mon côté « people »…

En fait ces chiffres ne prennent pas du tout en compte le fait que je connais surtout des gens qui me ressemblent par leur âge, leurs d’études mais aussi par leurs habitudes et leurs comportements, et donc succeptibles d’avoir le même programme que moi pour occuper leur Week-End… Conditionné, moi?

Enfant de salaud !

Vas y entre ! Un peu tard pour jouer les effarouchées…

Alors c’est toi, le fils Mazart.. J’ai bien connu ton paternel : une sacrée tête brulée que c’était, toujours à chercher la noise. Ca a finit par lui jouer des tours mais j’t’apprends rien.

Mais on est pas là pour faire du sentiment, je vais pas te conter fleurette. Ici gamin, on est dans les affaires. Passée la porte, y a que le business qui compte. La famille, les amis tu les laisses au vestiaire. Si tu regardes en arrière, t’avances pas droit. Et quand il s’agit de remettre dans le droit de chemin, je sais y mettre la manière, crois moi !

Mais attention ! On n’est pas des brutes. S’agit d’y mettre la forme : la main au panier certes mais la bouche en coeur. Avec mes gars, on a l’amour du travail bien fait. La mise bien propre et le sens de la formule, voilà ce qu’il faut savoir manier. Pas de raison de sortir l’artillerie à tout bout de champ. Ca effraie le pigeon et ça fait mauvais genre.

La jeunesse, je suis pas pour! Si je t’embauche, c’est pas de gaieté de coeur, mais avec l’équipe de bras cassés que j’ai, je peux bientôt fonder un hospice. Avec mes gars, on a tout fait. Chaque gros coup nous a laissé son lot de souvenirs, cicatrices et fractures. On a sauvé notre peau mais elle en garde les traces. Alors les p’tits jeunots, pétaradant comme des coqs sans avoir connu le feu, ça me fout en rogne. Le métier tu l’as pas d’instinct, ça se travaille, ça se fignole. Alors c’est facile ! Si tu marches, tu la fermes, t’ouvres grand les oreilles et t’en perds pas une miette.

Tu feras équipe avec Roger l’asticot. Roger, c’est un fère pour moi. Têtu comme une mule mais le coeur sur la main. Pas son pareil pour repérer la maréchaussée. Je compte plus les fois où on s’en est sorti juste grâce à son flair.

Mes hommes sont pas des tendres, ils ont ça dans le sang. Si tu file droit t’es de la famille. Jamais on t’laissera dans le pétrin. Mais tente seulement de jouer à la combine et ils te tomberont dessus ‘si sec. Alors fais pas le mariole ! Si tu cherches à me coincer, t’auras vite fait de comprendre la signification du mot « douleur ».

Allez file, j’t’ai assez causé. J’epère que t’as saisi le discours, j’aime pas trop me répéter. Je te donne ta chance, bonhomme ! A toi de jouer, s’agirait d’en faire bon usage…

Roger ! Met le au parfum tu veux.