Je vous remet un peu de spleen ?

Ca fait bientôt deux semaines que mon moral est en berne… Cela s’explique somme toute facilement : je bosse au même endroit depuis neuf mois, j’enchaîne les soirées esseulées à l’appartement, je remet tout au lendemain par fatigue, je perds les gens que j’apprécie.. Raison plus large : je suis tout simplement rattrapé par mon cycle de remise en questio » plus ou moins trimestriel. Une véritable mécanique qui me rappelle régulièrement qu’il y a un temps pour rire et un pour désespérer.

En écrivant la phrase précédente, j’allais d’abord inscrire « un temps pour vivre et un pour désespérer ». Or c’eut été faux car j’ai beaucoup plus l’impression d’exister dans ces temps de spleen. Ces phases, malgré tout ce qu’elles comportent de naïveté dans leur régularité même, me donne l’impression d’avoir le recul et le cynisme sur mes phases d’activité. Je croie, grâce à quelques heures de remise en question dispersées, conduire mon existence à ma manière et pouvoir donc me contenter de ce que j’en fais.. Système qui jusqu’à maintenant fait ses preuves.

À cœur ouvert

Depuis ma découverte, il y a bientôt un an, et demi du phénomène dit des « blogs » j’ai eu le temps de changer plusieurs fois d’avis à leur sujet. Tout a été dit; simplement je suis revenu de ma première phase d’excitation et mes différentes expériences avortées le prouvent. Ce qui me surprend le plus dans la naissance et la formidable explosion du phénomène est la capacité de chacun à éspérer/croire/savoir mériter l’attention. Affirmation jamais réellement démentie par la nature anonyme du lectorat d’un blog.

Je le disais, j’ai moi même parfois partagé cette idée. Idée parfois louable, souvent naïve mais ceci même fait sa force et explique l’engouement général. Phénomène qui je crois ne s’arréte pas aux blogs mais inclut plus généralement la généralisation des moyens d’expression et la crédibilisation d’un « 1 individu = 1 auteur ». Phénomène intéressant et révélateur sur le besoin humain de reconnaissance.

Pourtant je suis incapable de croire sur le long terme à l’honnêteté d’une telle entreprise. Passé les premiers messages, je tombe systématiquement en arrêt devant la vacuité/vanité de la démarche. Et mon entrain m’accompagne dans la chute.

J’ai longuement réfléchi pour savoir si je fermais cet endroit d’expression. La conclusion logique de ce qui précède plaide en effet ainsi. Pourtant je compte le maintenir ouvert et même – arrogance des premiers efforts – l’alimenter plus fréquemment. Pourquoi ? Parce que j’aime écrire et qu’écrire pour être (potentiellement) lu m’oblige une « rigueur » que je n’aurai peut-être pas sans. Parce que l’écriture a des vertus thérapeutiques moins chères qu’une analyse. Parce que j’ai le droit de conserver le secret espoir de trouver dans l’assistance quelqu’un qui me comprenne. Parce que celà peut sans doute aider les gens qui me connaissent à me comprendre. Parce que de là peut naitre le dialogue. Par prétention, par abandon. Par ignorance, par paresse. Par inconscience.. Parce que j’en ai envie sans avoir réellement d’en comprendre la raison..

Je risque d’y être trop expensif, pédant malgré moi, rechercher parfois la figure de style là ou j’aurai préféré livrer un peu de moi même. Je n’en suis pas forcément fier mais je ne m’en excuse pas.

Écrire.. toujours..

L’écriture me plonge dans un état jubilatoire. J’adore voir le texte se créer peu à peu sous mes doigts, les idées se formuler et s’enchaîner librement. J’aime par dessus tout l’impression que l’écriture révèle des choses jusqu’alors ignorées par l’auteur lui-même. Par un processus inconscient l’esprit se dévoile, bribe après bribe. La participation de l’auteur est alors passive. Il lui faut simplement écouter cette voix intérieure et faire taire toute prétention de remodeler le discours. Résumer le travail conscient à une simple formulation et non à une réécriture.

J’aime être surpris par ce que j’écris. Me voir jouer avec les mots, découvrir une logique sous le texte, appercevoir le propos entre les lignes. J’aime me relire et m’étonner à chaque relecture, surpris d’avoir su dire ce que je croyais ressentir ou, au contraire, d’avoir fait d’une expérience une toute autre histoire.

L’écriture me semble être la forme de création la plus abordable. Elle seule permet une retranscription aussi si simple et rapide d’un état d’esprit. Je ne parle pas ici de talent mais bien d’expression.

24 heures

réveil loupé, tête des mauvais jours, douche trop froide, lait trop chaud, temps pourri, feux rouge, incident technique, métro bondé, coude dans le dos, voisin colérique, livre chiant, arrivée en retard, une tonne de mails, collègues fatiguants, projet utopique, carte épuisée, file d’attente interminable, assiette fade, PC qui rame, chef sur le dos, teléphone qui n’arréte pas, heures sup, vent froid, métro bondé…

Et rien trouvé de mieux pour conclure cette misérable journée, que de ressasser tout ça devant ma machine…

ah… l’Amour !

Je suis amoureux de l’amour mais il me fuit craintivement… Je l’entrapperçois parfois à peine au détour d’une rue ou à la terasse d’un café. Mes yeux dérivent, mon coeur s’anime mais déjà l’objet de mes pensées s’éloigne furtivement, à mille lieues de connaitre les tourments qui sont miens… Funeste sort que celui d’aimer sans retour.. Suis je maudit ou suis-je moi même prisonnier de mes sens, comdamné à désirer l’ombre fugace d’un amour sans espoir ? Ne suis-je pas réfugié inconsciemment dans un shéma romantique dénué de toute implication qui me protège à jamais des tourments dévastateurs d’une passion dévorante ?